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i can feel the darkness coming and i’m afraid of myself
throw my pain and i got running

Ton regard fixait ce qu'il y avait dans la glace. Des taches de rousseur. Une chevelure rousse flamboyante. Et une fille. Une jeune-femme plutôt. Perdue dans la miséricorde de son passé macabre. Perdue dans le néant d'un soupir et d'une croissance non-désirée. Tu fixais cette jeune femme qui te paraissait une illustre inconnue. Ton propre fantôme. Cadavre de la cour et succube des hôpitaux. Tu n'étais tout autre que ton ombre. Alors que l'on t'insérait un collier autour de ton cou, tu relevas la tête avant de voir ton si chère et tendre frère. Il te souriait, lui aussi vêtue d'une si belle couture. Dorean, assis toi sur ton lit, ils vont simplement venir te faire une petite piqûre. Sa voix faiblissait à la vue de ton visage. Tu changeais. Tu serras fort les points avant d'enlever ton soulier noire à talon, et de le frapper avec. Ta si belle chevelure soyeuse gonfla rapidement avant que l'on ne puisse entendre le déchirement de ta robe. Non. Piqûre faire mal. Je vois du ... SANG ! Tu hurlas avant qu'on ne te passe un tissu recouvert d'un produit assez fort pour t'apaiser. La réception avait déjà commencé. Tu entendais au loin, les rires des gens pendant que tu colmatais, allongée sur le lit de la chambre d'hôte. On te piqua sur le coude gauche avant qu'on ne te réveille tendrement. Dorean, tu es déjà en retard. Tu assuras un regard avant de brosser une nouvelle fois ta chevelure, d'enfiler une nouvelle robe et de changer une nouvelle fois de masque. Le banquet du roi en l'honneur des gagnants et de l'hiver était connu de tous. Tu n'avais que très peut assister, faisant des passages rapides. La vue de tous te donnait la nausée et l'envie passagère de meurtre. Arrivée devant, la salle de réception était grande. Ton frère t'escortait avant de te lâcher à l'entrée de la grande salle. Normalement, tu devrais être calme. Ajouta-t-il avant de passer une main dans tes cheveux. Puis il ouvrit la porte avant de te lâcher dans le bain de la foule. Des vassaux s'y trouvaient. Le roi aussi. Avec son neveu. Tu le regardais avant de tourner le dos à tous, te dirigeant près des boissons pour je ne sais qu'elle raison. Le roi alla te saluer gracieusement avant que tu ne repères Isidor dans la foule. Sûrement l'un de tes seuls repères dans cette salle. Tu allas pour marcher avant que l'on ne te bouscule. Une douleur vint se figer sur ton bras. Une douleur invisible à la vue de tous. Tu mis ta main dessus avant que la douleur ne devienne plus forte et que ... oh non, et voilà que tu recommences. Tu enlevas ta chaussure droite et la lança en direction de celui qui t'avait bousculé avant qu'elle n'atteigne une blonde. Tu ignorais si c'était cette débile heureuse de Thea ou encore cette cuisinière alcoolique. Tu laissas passer un soufflement, comprenant que tu venais de rater ta cible. Tu enlevas l'autre chaussure avant que te ne la jettes sur le premier venu. Pourrez-vous avoir la grâce d'éviter de me bousculer ?! Tous les yeux se tournaient vers toi avant que les gagnants ayant reçus une chaussure dans le dos ne te regardent avec fureur. Tu appuyas ta main sur ton bras, hurlant de douleur. On t'avait toujours donné la réputation de l'une des plus grandes gagnantes folles, mais toute la cours ne se doutait pas que tu étais folle. Souvent, tu étais sous perfusion pour masquer ta comédie de pauvre folle. Tu restais là, sans aucune idée de ce qui allait se passer. Il te dévisageait tous, d'un air insultant pour ta part. Tu relevas la tête. Vous méritez de crever. Tous ! Tu relevas la tête avant de partir près d'une porte et de la pousser pour qu'elle s'ouvre, ignorant qu'elle se tirait. Une fois réussie, tu sortis dignement, cherchant la sortie dans les jardins de la cours. Un jardin de toute fleure confondus se disposait devant toi. Tu accourus, les pieds nus en riant avant de te jeter dans le parterre de rose. Les épines te piquait les bras, écorchant facilement tes bras et tes jambes nues. Ton cou en faisant les frais, mais tu souriais. Tu arrachas une rose de la main, en l'a regardant avant de rire doucement. Gentiment. Puis étrangement. Follement. Sadiquement. Tu fis un point avec une de ces épines, à côté de ta piqûre, puis en haut. Tu souriais en rigolant avant d'éclater une nouvelle fois de rire. Ça fait un triangle ! Un triangle rouge, hihi ! Tu sais, petite fleur, moi j'ai toujours aimé le rouge. D'ailleurs, ça te dit qu'un jour, on aille dans mon département et qu'on retrouve maman ? On lui fera plein de rouge sur le corps, partout. De ses cheveux jusqu'à l'entre de mon père ! Puis tu éclatas une nouvelle fois de rire, comme une enfant. Tu n'étais pas schizophrène. Disons que faire une crise avant la réception n'était pas bon signe. Et te voir dans cet état, la robe tachée de sang, tes bras et tes jambes nues, écorchés, on aurait dit que tout cela n'était que jouée. C'était la comédie de la vie. La comédie du gagnant. Le baiser de l'âme mortel, emprisonnée dans l'enfance.

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Ajuster les pans de sa robe écarlate. Laquer ses cheveux d'or. Sourire. Elle poussa gracieusement les portes de la cuisine royale pour rejoindre la salle de réception déjà bien remplie. Saluer gentes dames et gentilshommes. Le roi. Sa vassale. Les vassaux. Ses semblables. Semblables ? Gagnants, certes. Semblables, peut-être moins. D'ailleurs, elle était loin de s'entendre avec tous. Apparemment, la prétention était à la mode dans le district I. Ces vautours s'agglutinaient autour du roi et des vassaux comme des abeilles autour d'une ruche. Elle leva les yeux au ciel. S'assit sur la première chaise qui lui passait sous l'arrière-train. Alcira. Wanda. She... Sheryl ? Sheryl. Elle salua la petite assemblée d'un bref signe de main, sourire subtile aux lèvres. Elles tiraient toutes des tronches à en tuer des morts. Festif. Joyeux même. Ses doigts fins attrapèrent une coupe de champagne à la volée tandis que son bras libre se croisait sur sa poitrine. Oh tiens. Une rousse entrain de donner leur baptême de l'air à ses chaussures. Cibles touchées. Cibles fâchées ? Lanceuse aboyant ses poumons en une menace mortelle. Caelan sourit étrangement. Pleine de secrets. De mystères. Toujours aussi détachée. Cordiale. Elle attendait le repas tout en se susurrant que les humains étaient plus proches des singes qu'elle ne le pensait. « Alors ? Comment vont les affaires ? » Elle posait la question à toutes. A tous. A personne. A qui l'entendrait en réalité. Cette interrogation comblait un vide qui n'avait pas besoin d'être comblé. Elle n'écoutait même pas la réponse. Les réponses. Elle prit une nouvelle gorgée de son champagne, couvant des yeux la folle silhouette partie à priori vers les jardins. Si elle avait eu un cœur, elle aurait sans doute eu de la compassion pour cette pauvre chose. Cette pauvre petite chose fragile probablement brisée. Par les jeux. Par son passé. Par sa simple naissance. Qu'en savait-elle. Ses épaules se haussèrent élégamment. Retombèrent presque aussitôt. Elle n'était pas lasse. Plus intriguée. Émoustillée par tant d'étranges personnalités. Le cirque des gens. Le cirque des monstres. Parce que c'était ce qu'ils représentaient, non ? Des monstres. Tout le monde était un monstre. Au fond. Il suffisait de savoir le réveiller. Le monstre. Le monstre sommeillant au fond des âmes innocentes, attendant patiemment son heure pour s'en repaître.

D'autres se rajoutèrent à la table. Les serveurs envahirent la salle. Commencèrent à déposer des plats sur les différentes tables. Soulevèrent les cloches pour laisser apparaitre les apéritifs en forme de fleurs. De roses. De roses aussi écarlates que sa robe. Que le sang. Elle avait passé l'après-midi dessus. Le roi l'avait faite mander elle et son équipe pour préparer ce banquet. Et le roi énonçait d'ailleurs la prière en ce moment même. Un silence mortuaire s'installa dans les différentes conversations. les paroles religieuses du souverain serpentaient mesquinement les murs. Puis le roi ordonna le commencement du repas. Rires. Discussions. Entrechoquements de couverts. Elle ne toucha à rien. Préféra ne toucher à rien pour que son œuvre perdure plus longtemps. Elle ne se lasserait jamais de regarder les gens déguster. Cette viande. Cette viande rouge. Tendre. Fine. Somptueuse. Elle pouvait presque entendre Mozart jouer au son de la mastication. Les violons. Les flutes. Douces notes. Doux sons. Nouvelle gorgée de champagne pour accompagner ce moment d'extase auditif. Ses yeux d'un gris sale se baladaient d'un gagnant à un autre tandis que les effluves alimentaires saturaient peu à peu la pièce. Doucement. Lentement. Fatalement. Elle passa sa langue sur ses lèvres rosées telle une prédatrice guettant sa proie. Vicieuse. Vicieuse comme la mort. La fin. Et pourtant ce n'était là que le début. Le début d'une soirée qu'elle prédisait grandiose. A l'avance. Pour le plaisir. Pour le plaisir d'avoir raison. Pour le plaisir de se divertir. Pour le plaisir. Son plaisir. Tout simplement.

but there’s hope in their submission and there’s freedom in your eyes.

Thea se prépara pour le banquet habituel. Les gagnants, et les vassaux seront présents, mais elle n’y prêtait pas trop attention, si elle y allait, c’était pour une seule et unique chose : manger. Personne ne connaissait ce petit pêcher mignon, personne ne savait qu’au fond, la jeune Lannister demeurait être une grande gourmande, une gourmande indétrônable. Elle aimait manger tout ce qu’elle voyait passer sous le nez. Et durant les banquets du roi de Bastide, il y avait plein de bonnes choses à déguster. Sauf, qu’afin de ne pas faire peur aux autres, Thea se retenait de tout manger, de vider toute la table en deux minutes. Mais si jamais un jour, elle faisait ça, sa mère la tuerait. Aux yeux de la mère, c’est une attitude plus que mal élevée de manger pour vingt. Mais bon, au fond, Thea aimait bien discuter avec les vainqueurs. Faire connaissance. De base, la jeune demoiselle est une fille très sociable, elle pouvait faire connaissance avec tout le monde. Puis, c’était une bonne occasion de rencontrer le dernier vainqueur des jeux : Neall-Ryan. Thea ne le connaissait qu’à la télé, mais elle n’avait jamais eu la « chance » de rencontrer ce jeune homme, maintenant devenu riche grâce à sa victoire. Il serait forcément présent, tous les vainqueurs sont invités, lui y compris.

Prête, Thea l’était. Elle s’approchait de plus en plus prêt de la salle où aurait lieu le banquet. Elle marchait, la tête haute, souriant comme à son habitude. Quand elle franchit le socle de la porte, elle continuait de marcher, voyant la folle, qui bien sûr, était Dorean. Cette dernière lança une chaussure qui a failli arriver sur la jeune Thea. Elle ne répondit rien à cette attaque, elle faisait comme si de rien était, car elle savait que Dorean était légèrement folle sur les bords. Puis elle balança sa deuxième chaussure, heureusement, elle n’arriva pas sur la jeune Lannister qui l’esquiva de plus belle. «  Pourrais-je savoir c’est quoi votre problème à lancer vos chaussures ? » demanda gentiment Thea  tout en regardant Dorean avant de s’asseoir. Elle regardait, les vassaux qui étaient présents, ainsi que les vainqueurs qui étaient déjà là. Son sourire ne quittait pas son visage, même si son regard se détournait peu à peu vers les apéritifs, et sur les serveurs, sur les plateaux. La famine montait peu à peu en elle. Thea cachait du mieux qu’elle pouvait, cette envie de déguster tout ce qu’il y avait. Elle n’attendait qu’une chose : l’annonce du roi. Mais Caelan prit la parole. « Personnellement, les affaires vont très bien pour moi, ma petite boutique a son petit succès. D’ailleurs, j’ai entendu pas mal de retour sur votre restaurant gastronomique, je viendrai surement déguster un de vos repas un jour. » Un petit rire l’échappa. « Et vous ? » dit Thea tout en gardant un sourire stupide sur son visage.

Comme la dit Thea, sa petite boutique faisait un petit succès, disons qu’apparemment les habitants de Bastide aimaient bien les bijoux, ou bien même la mode. Mais ça faisait du baume au cœur à la jeune femme de voir son affaire se faire un nom à Bastide. Etant bien élevée, la jeune demoiselle écoutait parler les mentors sur les affaires qu’ils faisaient. C’était intéressant de savoir ce qu’ils étaient devenus depuis leur victoire. Même si avoir une entreprise ne servait légèrement à rien, sachant que maintenant, tout le monde roulait sur l’or. Mais, l’heure de cette fameuse prière arriva. L’heure de manger aussi. Et c’est là, le moment le plus parfait de la soirée arriva, ce moment qu’attendait Thea depuis le début. Le moment de manger. La jeune Lannister faisait mine qu’elle ne voulait pas manger depuis le début, depuis qu’elle  a passée cette porte. Et là, délivrée, elle était délivrée. Elle prit la première chose qu’elle vit, et en mangea une boucher. Elle resta classe, tout en se tenant droite. Délicieux.

Il était le petit bijou de Bastide, le nouveau gagnant dont on pouvait toujours profiter. Au contraire des autres gagnants des jeux, sa victoire ne remontait pas à un laps de temps trop long pour qu'on puisse se rappeler de ses exploits. Bien au contraire, ses actes et son arène étaient encore présentes dans les esprits des habitants de l'Empire. Le monde de glace et de neige n'avait pas encore fait son temps. Personne n'avait du mal à visualiser Neall-Ryan debout dans cette substance blanche qui rendait les mouvements difficiles, une arme à la main. Alcira était sans doute une des personnes qui s'en rappelaient le plus, son fils étant mort par la main du jeune roux. Neall-Ryan avait réussi à rester éloigner de la femme aux yeux bleus, mais il n'était pas sûr de réussir à le faire tout au long de cette soirée. Tous les gagnants et les vassaux étaient réunis dans la même salle, autour d'un délicieux ensemble de nourriture présent rien que pour eux. Croiser les autres était inévitable, et le dernier gagnant n'avait pas envie de voir le banquet dégénérer à cause d'une raison similaire. Tout le monde avait commis des actes monstrueux et inimaginables dans les jeux. C'était le seul point commun qui les unissait. Les personnes présentes dans cette salle n'avaient pas brillé pour leur comportement digne d'une Mère Thérèse. Tout le monde avait pêché, personne était sorti intègre de ces mondes de mort et de sang.

Neall-Ryan attendait dans la pâle lumière des chandelles qui décoraient la salle dans laquelle il se trouvait. Le serviteur venait de quitter la pièce pour aller chercher une partie du costume qu'il devait vêtir lors du banquet dans le château du Roi. Le jeune roux posa son regard dans le visage qui l'observait dans le miroir. Ses iris grises, délavées de toute couleur, formaient un contraste assez fort avec le feu de ses cheveux en bataille. Son costume bleu foncé suivait les lignes et les formes de son corps sans être pour autant indécent. La porte en bois s'ouvrit en grinçant, preuve que le serviteur venait de rentrer. Il aida le gagnant à mettre une veste, avant de lui coiffer ses cheveux. Neall-Ryan aurait préféré se débrouiller, mais les coutumes de la capitale de l'Empire prévoyaient des serviteurs pour aider les plus riches et les plus puissants. Il laissa l'homme s'occuper de ses cheveux, bien que ça le dérange. Il était le seul à pouvoir les toucher, personne d'autre avait le droit de les soigner à sa place. Une fois la préparation finie, le serviteur sortit de la porte, en laissant Neall-Ryan seul dans la petite pièce.

Le jeune gagnant roux entra dans la salle, agrippé au bras de Adelaide, l'ancienne mentor du prince de l'énergie lors de ses jeux. Ils ressemblaient un peu aux couples de nobles qui se baladaient lors des bals, venus en compagnie pour éviter de devoir affronter l'hypocrisie des autres tous seuls. Une véritable amitié liait les gagnants du districts de la technologie. Le jeune roux était reconnaissant envers la blonde pour l'avoir aidé à sortir de l'arène, et la troisième gagnante était heureuse d'avoir réussi à faire triompher l'un de ses protégés. En dépit du caractère assez froid de la femme Neall-Ryan avait réussi à s'attacher à elle. Ils échangeaient des messes basses en entrant dans la salle du banquet, en espérant croiser Karla, l'autre gagnante de leur district. Une fois la salle balayée avec les yeux, ils décidèrent de se séparer de commun accord. Le jeune roux se dirigea vers l'une des nombreuses tables couvertes de nourriture paradisiaque. Certaines des mets présentés étaient inconnus au gagnant, étant probablement accessibles exclusivement par l'élite de la capitale. La prière interrompit les plans maléfiques du jeune roux, qui comptait dévorer l'intégralité de la table. Neall-Ryan était en train de goûter le premier des plats -un type de viande couvert de jus d'oranges et de vanille- lorsque une chaussure vola à travers la pièce, lancée par une des gagnantes, Dorean. Avec lui, elle représentait la minorité des gagnants aux cheveux flamboyant, leur espèce étant plus que rare. Elle semblait fâchée, rendue colérique par une quelconque raison qui lui était inconnue. Neall-Ryan reporta son attention sur le plat de viande, en continuant à le goûter. « C'est un plaisir de vous rencontrer ici, Monsieur McField. » Le roux se retourna, et vit un des vassaux dont il ignorait les origines lui tendre la main. Neall-Ryan lui rendit son salut, tout en essayant de deviner son identité. Il n'était pas originaire du district II, il en était sûr. Depuis sa victoire, Neall-Ryan avait participé à des nombreux événements dans son district, et il avait rencontré son vassal, Isak, plus d'une fois. Cependant, il ne posa pas la question au jeune homme qui lui faisait face, préférant éviter de le vexer. La nourriture était la reine de cette fête. Les discussions pleuvaient de nulle part, les mains se serraient, les serviteurs tournaient dans la salle pour offrir des boissons et des casse-croûtes aux différents invités. L'ambiance se faisait de plus en plus joyeuse. Tout allait de la meilleure façon qui soit.

La soirée, ne pouvait pas être plus pourrie. La soirée, ne pouvait point être plus chaotique. Je n'avais aucune envie de me rendre à cette réception. Je n'avais aucune envie, de supporter tous ces jacassements. Je n'avais tout simplement pas envie de faire semblant d'être aimable, quand j'ai envie de tous leur cracher au visage. Quel mérite avions-nous, après tout ? Nous étions tout simplement ressortis vainqueurs des jeux de l’infamie. Nous étions tout simplement ressortis vainqueurs, de la plus cruelle des manières. Les voir sourire, et continuer leur vie comme si de rien n'était, me débectait, mais pourtant, moi-même, je ne ressentais rien ; rien. Ni culpabilité, ni regret. Ni peine, ni compassion, pour les pères des défunts, défunts que j'avais tué de mes propres mains. C'était moi ou eux ; j'avais vite fait mon choix. Vivre. Mourir. Dans le fond, méritais-je d'être encore là ? Méritais-je de me tenir à cette place, alors que d'autres, avait eu pour seul choix de crever ? Je n'en savais rien. Après tout, ne ditons point que la vie ne demeure qu'une pauvre garce ironique ? Elle l'était, elle l'était réellement. Un sourire amer se dessina sur mes lèvres, face à ce miroir. Je ne reconnaissais plus ce reflet, je ne reconnaissais plus ce visage. Extérieurement, j'étais pourtant restée la même. Extérieurement, tout semblait aller pour le mieux ; c'était le cas. Je secouai la tête, comme pour chasser ces pensées inutiles qui flânaient dans mon cerveau, sans nulle invitation. Il était tant d'y aller désormais ; la séance de torture allait pouvoir commencer.

« Abrutie. Créature des enfers ! » Cela débutait mal, très mal ; j'avais une envie de meurtre. À peine arrivée dans la salle de réception, que je m'étais faite attaquer par la chaussure d'une pauvre folle. Celle-ci, peu téméraire, eu au moins la décence de s'en aller dehors, jetant quelques insultes au passage ; que ne ferait-elle point pour se rendre intéressante ? C'était pathétique. Levant les yeux au ciel, je me contentai d'aller rejoindre une table, là où demeuraient déjà quelques vainqueurs. Je m'y assis, ne prenant point la peine de saluer l'assistance. Je n'en avais rien à faire de leur vie, et ils n'en avaient rien à faire de la mienne, c'était parfait comme ça. À quoi bon être hypocrite ? Chacun demeurait là pour s'attirer les bonnes grâce des vassaux, et de la royauté. Moi je m'en foutais. Oui, je m'en foutais ; royalement, si je puis me permettre. Une blondasse essaya de faire la conversation, et je me contentai de lui jeter un regard hautain, ne prenant point la peine de répondre. Tout ce que je voulais, demeurait que cette soirée s'abrège. Mais pour cela, il fallait que le roi, alias l'homme au balai dans le trou, finisse de parler. La prière commença, et je fis mine – comme toutes êtres civilisés – d'y prendre part ; sans aucune foi. La foi. Qui l'avait dans ce bas monde ? Nous n'espérions plus que quelqu'un vienne un jour nous sauver ; nous étions un peuple résigné. Une fois que cette mascarade prit fin, le dîner fut enfin ouvert ; ce n'était pas trop tôt. Mais ce ne fut sans compter sur ma maladresse légendaire. Ce ne fut sans compter, sur ma poisse à tout rompre. D'un léger coup de coude, j'eus la bêtise de renverser mon bol de soupe, qui celle-ci atterrit sur le pantalon de mon voisin de table, Neall machin truc ; pas de chance, elle était brûlante. Mon regard se posa sur le jeune homme, puis descendit vers son bat. « Je me serai bien excusée, mais vu l'horreur de ton effet, je pense que je t'ai rendu service. Ne me remercie pas, il faut bien se montrer charitable, quelques fois. » Méchanceté gratuite, je le conçois. Mais au combien amusante.

 Abrutie. Créature des enfers !  Ils disaient tous ça. Ils pensaient tous ça. Tu étais pour eux, la plus folle de tous. La plus idiote et la plus débile. Ils te regardaient tous avec cette empathie et te parlaient comme ci tu n'avais que deux ans. Trois ans dans un hôpital ne t'arrange pas. Tu as peut-être reconnue une certaine compassion contre ta propre peau. Une piqûre n'est qu'une chatouille pour toi. Plus rien ne pourra te briser. Tu fixais cette pauvre petite rose avant de reprendre ton souffle. Tu entendais la prière au loin et tu fis de même envers cette rose. La religion était pour toi, une chose à ne pas négliger. Tu étais croyante, de la naissance jusqu'à la mort. Une fois la prière terminée, tu te relevas paisiblement. Comme ci cela t'avait apaisé. Tu respirais doucement, avant de te relever. Tu passas un bon moment à t'amuser à décorer ta chevelure de rose rouge avant d'en faire deux bouquets. Deux pour chacune des deux jeunes-femmes qui avaient eu la joie de se prendre une chaussure dans la figure. Tu marchas longuement avant d'entrer dans la pièce discrètement. Il faut se dire que certain te remarquait, toi et ton look assez brisée, dans le sens d'une poupée de porcelaine.Tu allas ramasser tes chaussures avant de faire une révérence classieuse auprès de ton vassal qui était souvent habitué aux étourderies de ta part. Tu allas rejoindre les deux jeunes femmes avant de leurs tendres poliment les roses et de voir que l'une était occupée à faire des choses avec l'autre roux du coin. Je voulais m'excuser de mon geste si peu affectif à vos égards. Tu essayas de maintenir un petit sourire angélique. Hypocrite, certes, mais angélique. C'était ta première soirée en compagnie des gagnants et tout le monde se doutait qu'il y allait avoir quelque chose d'assez tenace. Après tout, tu étais Dorean O'Cean, la plus folle de tous. Tu t'installas auprès d'eux, comme une pauvre fille sans famille. Tu attrapas un petit amuse-bouche que tu mangeas doucement avant de remarquer que l'une des gagnants de cette table pouvait avaler le restaurant entier de l'autre blonde du coin. Tu mangeais le moins, l'idée de te faire vomir n'était pas présente. Puis tu regardas le roi avec un petit signe de tête polie et amuseur avant d'avaler sur-le-champ, un verre de champagne raffinée.